「人道研究ジャーナル」Vol.2

「人道研究ジャーナル」Vol.2 page 85/276

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「人道研究ジャーナル」Vol.2

The Journal of Humanitarian Studies Vol. 2, 2013l’avant-dernier du livre, cette etonnante conversation entre Marcel Junod et le general Mac Arthur qui a convie ledelegue dans son bureau du Daiichi building a Tokyo. Etonnante, car le general Mac Arthur se lance devant Junoddans un plaidoyer inattendu :≪La force n’est pas la solution des problemes. La force n’est rien. Elle n’a jamaisle dernier mot…Etonnant que je vous dise cela, moi, un tueur professionnel ?≫(14) Avant d’ajouter sur le ton del’inquietude :≪Qu’arrivera-t-il si tout n’est pas mis en oeuvre pour sauver l’homme de lui-meme?≫(15) Et desuggerer a son interlocuteur que la Croix-Rouge, jouissant de la confiance universelle, devrait depasser ses tachestraditionnelles de secours pour≪parler au nom de l’esprit≫(16) en faveur de la paix.Il convient de souligner a quel point Le Troisieme Combattant a contribue a propager l’ideal humanitaire aupresd’un public non-initie a l’issue de la Deuxieme Guerre mondiale. Comme Henry Dunant a Solferino, Junod aHiroshima est parvenu a transcrire par le prisme de son action personnelle les enjeux d’une tragedie humainecollective et a lui donner la resonance necessaire aupres de l’opinion publique. Par la credibilite de ses ecrits,Junod joue du meme coup le role d’un passeur du reel. Les nombreuses traductions et reeditions du TroisiemeCombattant attestent de la force d’attraction de cet ouvrage preface lors de sa parution par l’ancien president duCICR, Max Huber.Dans une institution impregnee d’esprit calviniste, ayant tendance a se defier des heros et du culte de la personnalite,le temoignage personnel de Junod constitue une exception insolite qui merite d’etre signalee.Mais Junod ne s’est pas contente d’ecrire a propos d’Hiroshima. Il s’est aussi debrouille pour en rapporter desphotos. Le Dr Matsunaga, qui lors de sa rencontre avec le Dr Junod, s’est demande≪pourquoi il ne portait pasd’appareil de photo≫(17) a pu constater de lui-meme avec une certaine surprise que le medecin suisse etait biendetermine a utiliser le temoignage photographique pour etayer ses observations recoltees sur le terrain. Il relatequ’avant de partir, Junod s’est empare des photos de victimes de l’explosion atomique ?une soixantaine de clichesenviron- que lui montrait un jeune capitaine japonais :≪Pardon, Monsieur, je ne peux pas vous les donner, car ils’agit de secrets militaires.Tout a coup,≪Boum≫, le Dr Junod, avec une expression severe, a donne un coup de poing sur la table.-Vous dites des secrets militaires. Mais l’armee japonaise est demantelee. Si vous gardez ces photos ici pourtoujours, cela ne servira a rien. Par contre, si je les porte avec moi en Suisse et denonce au monde l’horreur dela bombe atomique et l’inhumanite americaine, ce sera plus important et aura plus de valeur. N’est-ce pas?≫. (18)Visiblement ebranle par les propos de Junod, le capitaine a obtempere et ces photos ont largement circule depuis.Le temoignage de Junod a propos d’Hiroshima trouve egalement de nombreux echos sur les ondes de la radio etdans la presse ecrite. En fevrier 1955, Junod s’exprime sans ambiguite sur les dangers de l’energie atomique lorsd’une emission diffusee par Radio Geneve (19) . Dans cet interview, il met l’accent sur les risques de mutationsgenetiques a long terme pouvant resulter de la radioactivite, tant sur les etres humains que sur d’autres organismes.Et se range ouvertement du cote de l’ecrivain britannique Bertrand Russel, qui supplie les Etats de se soumettre aun controle international en matiere d’energie atomique. Pour bien enfoncer le clou, Junod conclut l’interview parl’affirmation suivante :≪Le probleme qui se pose est bien celui de la survie de la race humaine≫(20)C’est dans le magazine suisse romand≪L’Illustre≫(21) que parait en 1947 un article contenant des extraits du futur≪Troisieme Combattant≫, etoffe de nombreuses photos de Junod engage sur divers theatres d’operations.Dans cet article fleuve, on decouvre une photo de la mere du Dr Junod, agee de 82 ans, qui releve au passageque son fils≪Marcel a herite de son pere pasteur une belle qualite : l’amour du prochain≫. (22) Sur la meme page,人道研究ジャーナルVol. 2, 201383